Portrait

Interview de la Fondatrice de l’agence Amarante,

Sophie Fournier Villiot 
par Florence Batisse Pichet, Chemin lisant

Sophie est Directrice Artistique, une vocation qui remonte au berceau. Dès qu’elle a su manier un crayon, elle s’est mise à dessiner, à regarder et à vouloir appréhender le monde. Pourtant, malgré cette sensibilité artistique, le goût de l’entreprenariat s’impose. À 23 ans tout juste diplômée de l’École Met de Penninghen (ESAG), elle se lance en freelance avant de créer sa propre agence en 2000. C’est au cœur du quartier des Batignolles, dans une charmante boutique qu’elle a aménagé son espace de travail à la manière d’un salon-bureau !
Si la communication visuelle est son expertise, cette durassienne passionnée, n’en apprécie pas moins la puissance des mots. Car, comment sublimer des concepts de marques, sinon en comprenant l’ADN. Retour sur le parcours de cette experte à l’œil acéré qui n’a pas sa langue dans sa poche.


Comment te définis-tu ?

"Je me considère comme une professionnelle de la communication : j’aime séduire. Même après plus de 20 ans de métier, je reste passionnée et chaque nouveau projet m’enthousiasme. Ce qui m’amuse, c’est la diversité des thèmes et des secteurs sur lesquels je suis challengée. Au fil des années, le défi reste le même : avoir des idées créatives et pertinentes en respectant les budgets et les délais."

C’est quoi ton activité ?

"J’ai une formation de designer graphique mais j’ai toujours eu une approche marketing. Comprendre, lire, me documenter, entrer dans le sujet, sont au cœur de mon métier. Même si le savoir-faire sur lequel je m’appuie reste la maîtrise du dessin. Parfois, j’ai l’impression d’être comme un chef en cuisine : mes dossiers sont comme autant de marmites qui bouillonnent."

Le déclic ?

"Je n’ai jamais pensé que je ferai autre chose. C’est en dessinant avec mon père - lui-même artiste - que j’ai appris à regarder et a apprécier l’espace. Pour dessiner un visage, regarder la contre-forme, ne pas dessiner les yeux mais l’espace du front et des joues et le dessin de l’œil se crée simplement. C’est vrai pour un portrait comme pour une mise en page il faut porter son attention vers les blancs."

Ton parcours ?

"J’ai démarré mon activité en indépendante, tout de suite après mon école en 1989. Et j’ai eu la chance de faire mes armes immédiatement avec des missions pour de sociétés prestigieuses - de Lagardère à Miko, en passant par Rank Xerox -, par le biais de l’agence Public Système (devenue Hopscotch). Parmi mes diverses collaborations, j’ai réalisé plus de 50 livres de FLE Hachette et accompagné Renault au moment du passage à l’euro, à la fois en communication institutionnelle et interne. Puis en 2009, je franchis un cap en me voyant confier une mission par le Ministère de l’environnement. Je peux intervenir aussi bien pour des marques, des marchés publics que des entreprises."

Pourquoi Amarante ?

"Au départ, j’avais le statut de freelance. Mais en quittant la sous-traitance pour travailler en directe avec l’annonceur sur de plus gros projets, il fallait que je me structure comme une entreprise afin de monter des équipes et de m’entourer d’autres talents : journalistes, illustrateurs, photographes, correcteurs, développeur web,… . C’est ainsi que l’agence Amarante est née en 2000. J’ai choisi « Amarante » parce que c’est une couleur et c’est aussi un prénom ; et je tenais à baptiser mon entreprise."

Ton lieu de travail ?

"Mon fonctionnement reste celui d’un indépendant. Et mon espace de travail reflète cette autonomie. J’ai conçu mes bureaux comme un intérieur cosy avec des fauteuils, des objets et des tableaux parce que j’aime l’art et que c’est inspirant d’être entouré de belles choses. Je peux y travailler seule ou accueillir jusqu’à 5 personnes ce qui me permet de m’adapter à chaque projet."

Tes atouts ?

"Je suis rapide et réactive, tant intellectuellement que dans l’exécution d’un projet ! Femme orchestre, je mets en place ce que j’ai pensé du début à la fin. En outre, j’aime la pédagogie : une qualité nécessaire auprès de mes jeunes recrues. C’est une des raisons pour lesquelles j’ai aussi développé une activité de formation pour accompagner mes clients vers l’autonomie."

La question de l'expertise print ou web?

"C’est un faux sujet ! Par la force des choses, il faut avoir les deux cordes car nous sommes dans une société digitalisée, même si ce sont encore deux domaines distincts. Avec le print, il faut avoir la capacité de faire de l’édition pure et maîtriser la fabrication. Ce ne sont pas les mêmes contraintes que le web. Mais au-delà, c’est le traitement du message et la qualité des contenus qui priment. Désormais, mon activité est consacrée pour 70% au digital. À titre d’exemple, j’ai développé une plateforme web en accompagnant la réflexion UX à travers la méthode Agile, une nouvelle corde à mon arc."
Share by: